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Coupe du monde de rugby : de la défaite face à la France jusqu'à la finale, comment les Néo-Zélandais sont redevenus les All Blacks

Battue lors du match d'ouverture par les Bleus, la Nouvelle-Zélande n'a cessé de monter en puissance depuis, et s'avance en pleine confiance vers la finale.

Si le ciel est tombé sur la tête des Français dimanche dernier, celui des Néo-Zélandais ne fait que s’éclaircir match après match. Battus par ces mêmes Tricolores lors du match d'ouverture, les All Blacks avaient confirmé les doutes qui les entouraient au moment d'aborder cette Coupe du monde. Parfois considéré comme "la pire équipe de l'histoire" d'une nation historique du rugby mondial, ce groupe semblait avoir perdu de sa superbe. Fréquemment battu depuis un an et demi (cinq défaites depuis janvier 2022), il s'avançait comme un outsider parmi les autres, mais aucunement devant.

Depuis un mois et demi, les Néo-Zélandais n'ont pourtant jamais paniqué, laissant pour une fois la lumière aux locaux français, aux surpuissants Springboks et aux chatoyants Fidjiens durant la phase de groupes. "Les Français méritent leur victoire (...) c'est sans doute une grande victoire pour eux mais, pour nous, ça ne change pas grand chose", tempérait le sélectionneur Ian Foster, le 8 septembre dernier. Une claque symbolique, mais pas de quoi commencer à rebâtir une sélection dont le pedigree international l'empêche de repartir de zéro. "Je ne pense pas qu'il faille tout reconstruire. Les statistiques sont les statistiques, je comprends tout ça, mais l'objectif reste de gagner le tournoi", poursuivait sur sa ligne lan Foster.

Le sélectionneur, décrié au pays après les deux revers de suite face à l'Irlande et une année 2022 parmi les pires de son histoire, a su s'entourer du sorcier Joe Schmidt et remobiliser ses troupes. La révolte face aux trois autres adversaires du groupe, bien plus faibles, était attendue, mais les All Blacks ont progressivement découpé les doutes. Trois humiliations face à la Namibie (71-3), l’Italie (96-17) et l’Uruguay (73-0) pour conclure la phase de groupes à la deuxième place. Bilan comptable : 240 points marqués pour seulement 20 encaissés sur ces trois duels. "Nous avons des talents dans tous les secteurs du jeu mais nous n'avions pas encore trouvé vraiment le déclic. Ce soir, nous avons joué un rugby libre", s'était félicité Ardie Savea, le capitaine des hommes en noir, au micro de Sky Sports, après l'Italie.

Aaron Smith et l'Irlande, les deux déclics

Ce rugby libre, qui les caractérise depuis tant d'années, c'est justement ce que les All Blacks ont progressivement retrouvé dans la compétition, eux qui avaient peiné face à la France à produire du jeu. Le demi de mêlée de poche Aaron Smith, en est sans doute le symbole. En difficulté face aux Bleus, le leader du haka des All Blacks a remis sa patte sur le jeu des hommes en noir. Il lui a redonné le rythme nécessaire à son rugby tout en vitesse qui leur est si cher et qui a martyrisé tant d'adversaires, puisque les Blacks ont disputé neuf demi-finales sur dix éditions.

Le quart de finale face à l'Irlande avait tout du test encore trop élevé pour les Néo-Zélandais. Contre la première nation mondiale, autoritaire face aux Springboks en phase de groupes, les hommes à la fougère argentée ont encore haussé le curseur en résolvant la quadrature du Trèfle dans un match d'une intensité et d'une qualité inouïe.

Le signe que les All Blacks, troisièmes de la dernière Coupe du monde, ont bravé les vents contraires sans se désunir, et qu'ils ont su parfaitement gérer leur pic de forme au moment opportun. "On a beaucoup appris de 2019. Nous avons des leaders exceptionnels, la plupart d'entre eux étaient présents et ce genre de défaite en stimule certains. Dans une Coupe du monde, l'expérience est essentielle. Je sais que quatre ans se sont écoulés. On y pense un peu, on songe à ce qu'on a appris pour nous assurer que cela ne se reproduise pas", confiait Anton Lienert-Brown après la victoire face aux Irlandais.

Face aux Pumas, les All Blacks ont remis le noir des funérailles, pour enterrer les espoirs de Pumas qui n'ont jamais soutenu la comparaison alors qu'ils avaient su se jouer des Gallois au tour précédent. Sans paniquer, les All Blacks ont semblé de nouveau maîtres de leur sujet, dans un stade venu assister au domptage d'un félin qui n'a pu que rugir d'impuissance. "Nous avons gardé notre sang-froid et nous avons fini fort, je suis donc particulièrement satisfait", s'est félicité le sélectionneur Ian Foster. "C'est un nouveau cap franchi pour ce groupe. Ce n'est pas encore fini", a renchéri son trois quart centre Jordie Barrett, homme du match vendredi.

A ce titre, leur accolade collective en cercle à l'issue du match avait des airs d'union sacrée, de celle d'une équipe en mission malgré les ornières qu'elle a connues depuis plus d'un an. "Nous nous concentrons sur même, nous faisons confiance au plan. Nous sommes à un stade différent en tant qu’équipe désormais. Depuis plusieurs semaines, le groupe est en pleine santé, on a bien construit pour en arriver à ce point", a conclu le capitaine Sam Cane vendredi soir. Le ciel de l'archipel au long nuage blanc est désormais tout proche de voir disparaitre les derniers cumulus de son horizon.

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