C dans l'air

Gilets jaunes : la grande division

Onzième samedi de mobilisation pour les Gilets jaunes, peu convaincus de l’efficacité qu’aura le grand débat national lancé le 15 janvier par le gouvernement. Avec 84 000 manifestants lors des deux derniers actes, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, la contestation a trouvé un second souffle avec les fêtes de fin d’année.   Ce matin, des rassemblements ont eu lieu à Caen, Rouen, Dunkerque, Toulouse ou encore Bordeaux, ces deux dernières s’étant imposées comme des places fortes de la mobilisation. À Paris, quatre manifestations ont été déclarées en préfecture. Trois rejoindront Bastille, depuis les Champs-Elysées, la place de la Nation et l’Hôtel de ville d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). En fin de journée, les Gilets jaunes sont appelés à participer à une « Nuit jaune » – lancée par l’une des figures du mouvement, Éric Drouet – sur la place de la République à Paris, où s'était déroulée « Nuit debout » en 2016. Après deux mois et demi de crise, le gouvernement tente de reprendre la main, et ce sur le terrain. Jeudi 24 janvier, Emmanuel Macron s’est invité à une réunion publique à Bourg-de-Péage (Drôme). Le lendemain, le Premier ministre Edouard Philippe a participé à une réunion publique organisée dans le cadre du grand débat national à Sartrouville (Yvelines). Il s’est notamment prononcé contre le RIC : « si on fait ça, on rentre dans une mécanique qui est terrible, où on passe son temps à remettre en cause des choses [votées] ».   Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes, a participé aux côtés de Cyril Hanouna à l’émission « Balance ton post ». Diffusé vendredi soir, ce numéro spécial n’a pas manqué de soulever la critique. Des personnalités politiques ont ainsi dénoncé une « culture du buzz » et la soumission du politique à la « télé spectacle ».   Cette semaine a par ailleurs été marquée par de nouvelles divisions internes au sein des Gilets jaunes, après l'annonce de la création par Ingrid Levavasseur et Hayk Shahinyan d'une liste « Rassemblement d'initiative citoyenne » aux élections européennes qui auront lieu au mois de mai prochain. Comme de nombreux Gilets jaunes, Éric Drouet a fustigé la décision d'Ingrid Levavasseur. « On demande qu'elle retire son Gilet jaune et le nom du RIC », a-t-il déclaré, affirmant qu'elle « s'est servie de la notoriété du mouvement ». Au lendemain de l’acte XI, ce sont les Foulards rouges qui défileront, ce dimanche, à Paris, au cours d'une « marche républicaine des libertés ». Si à l’origine le mot d'ordre était d'afficher un soutien au président de la République, le rassemblement a finalement évolué vers une revendication plus neutre; la condamnation des violences qui ont émaillées les manifestations ces dernières semaines.   Invités à y participer, les macronistes ont beaucoup hésité à accepter la proposition. Lundi soir, le bureau exécutif du mouvement « La République en marche » a finalement décidé de ne pas appeler à manifester. « Mon rôle n'est pas d'apporter de la confusion. Appeler à manifester dimanche aurait pour conséquence d'encourager la logique du 'camp contre camp », a justifié le délégué général de LaREM, Stanislas Guerini, dans un communiqué. Assiste-t-on à un tournant dans le mouvement des Gilets jaunes ? Comment expliquer que la liste pour les élections européennes lancée par Ingrid Levavasseur déplaise autant aux Gilets jaunes ? Quel est le profil des Foulards rouges, qui appellent à manifester dimanche ? Invités : Yves Thrérard – Directeur adjoint de la rédaction du Figaro Jean Garrigues – Historien, spécialiste de la vie politique Emmanuelle Anizon – Grand reporter à L’Obs  Edouard Lecerf – Directeur général adjoint de BVA