Budget 2024 : ce qui nous attend…
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Le gouvernement a présenté, ce mercredi, en Conseil des ministres, ses deux textes budgétaires pour 2024 : son projet de loi de finances (PLF) et son projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Bercy a notamment annoncé une augmentation des crédits pour l’armée, la police et la justice de près de 5 milliards d’euros l’année prochaine. Celui pour l’Éducation nationale, premier de l’État, est lui en hausse de 3,9 milliards d’euros, permettant notamment de mettre en œuvre la revalorisation générale du traitement des enseignants. Il devrait atteindre 63,6 milliards d’euros. La transition écologique, qualifiée de "priorité absolue", obtient également 7 milliards d’euros supplémentaires. L’État gagnera aussi près de 8 300 fonctionnaires en 2024, a indiqué Bercy, dont 2 681 pour le ministère de l’Intérieur, 1 961 pour celui de la Justice, 732 pour la transition écologique et 580 dans l’armée. En outre, en ces temps d’inflation, près de 25 milliards d'euros seront consacrés à l'indexation des prestations sociales, des retraites et au barème de l'impôt sur le revenu.
Quelque 16 milliards d’euros d’économies sont également prévues l’an prochain. L’essentiel proviendra de la suppression progressive des mesures exceptionnelles permettant d’alléger la facture d’électricité des ménages et des entreprises (plus de 10 milliards d’euros). 4, 5 milliards seront récupérés sur la fin des aides aux entreprises, 1 milliard sur les aides à la politique de l’emploi, 700 millions seront issus de la réforme de l’assurance-chômage. Bercy attend aussi les premiers effets de la réforme des retraites. Du côté des recettes, l'exécutif maintient sa ligne rouge. Pas question d'augmenter les impôts. Il s'agit même de les baisser ces prochaines années. Le gouvernement a tout de même confirmé sa volonté d'instaurer en 2024 une nouvelle taxe sur les concessions autoroutières et les grands aéroports qui doit rapporter 600 millions d'euros annuels. Toutes ces annonces ont pour but de donner des gages de sérieux budgétaire alors que la dette a dépassé cet été les 3.000 milliards d'euros. Quant au déficit, il se révèle de facto largement en dehors des clous européens. Résultat, la France se range parmi les mauvais élèves de la zone euro et est scrutée depuis des mois par les agences de notation. L’agence Fitch a en avril dernier déjà dégradé la note de la France de "AA" à "AA –" faisant état d’un plan de réduction de la dette insatisfaisant et peu après le patron de Bercy a promis d'être "intraitable" sur la dette pour éviter une dégradation de l'agence de notation S&P.
Alors comment les agences de notation vont-elles réagir ? Que recouvrent exactement leurs notations ? Que prévoit le projet de loi de financement de la Sécurité sociale ? Que contient le projet de budget 2024 ? "Ce budget ambitionne de répondre aux "trois défis" que sont le désendettement de la France, la lutte contre l’inflation et les investissements requis pour la transition écologique" a expliqué le ministre des Finances. "Nous devons (…) piloter nos finances publiques en relevant ces trois défis", a déclaré Bruno Le Maire, soulignant que le contexte inflationniste "brouille tous les repères". Le patron de Bercy a également estimé que la prévision d'1,4 % de croissance en 2024 sur laquelle est fondé ce budget est "sincère", quelques heures après que le Haut Conseil des finances publiques, gardien du sérieux budgétaire du gouvernement a jugé cette prévision "élevée".
Présentés en Conseil des ministres, les deux textes vont être examinés par l'Assemblée nationale courant octobre, puis par le Sénat, et les débats s'annoncent d’ores et déjà électriques au Parlement. Privé de majorité absolue à l'Assemblée et de soutiens dans l'opposition, la Première ministre a déjà reconnu qu'elle devrait "certainement" recourir à l'article 49.3.
Aux États-Unis, également, ce sujet donne lieu à un bras de fer intense. Quatre mois après avoir frôlé le défaut de paiement, les parlementaires démocrates et républicains doivent voter d'ici à ce samedi 30 septembre minuit leur budget. Sans accord, le pays se retrouverait en "shutdown" entraînant la fermeture ou la réduction d'activité de nombreuses administrations fédérales. Le compte à rebours est lancé sur fond de campagne présidentielle et de grève historique dans le secteur de l’automobile pour obtenir de fortes augmentations de salaire, soutenue par Joe Biden et Donald Trump.
Nos invités :
- Philippe Dessertine, Directeur de l’Institut de Haute Finance, auteur de "Le grand basculement"
- Thomas Porcher, Économiste, Membre des "Économistes Atterrés"
- Frédéric Says, Journaliste à la rédaction internationale - Radio France, Auteur de "Dans l’enfer de Bercy"
- Béatrice Mathieu, Grand reporter - "L’Express"
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé
Maison de production : France Télévisions / Maximal Productions