Télématin
Musiques - Cannes dans le rétro
- Vie pratique
- 5 min 46 s
- indisponible
- tous publics
Chroniqueur : Alex Jaffray
À l'occasion du 70ème anniversaire du festival, retour sur les grandes musiques de film qui ont fait Cannes…
S’il n’existe pas encore de récompense pour la musique de film, le Festival de Cannes est, depuis ses débuts, rythmé par des airs tombés dans l’inconscient collectif. À commencer par l'hymne officiel du festival, « Aquarium », pièce musicale appartenant au « Carnaval des animaux » de Camille Saint-Saëns et qui introduit chaque film de la compétition. Je vous propose de réécouter quelques-unes des plus belles bandes originales qui ont marqué l’événement…
« Mission » : le Verdi du septième art
Finies les musiques de « western spaghetti », Ennio Morricone s’enferme dans son bureau à Rome, prend sa gomme et son crayon, s’inspire de la spiritualité du film de Joffé et de sa propre foi pour y écrire une partition forte, digne d’un Requiem de Verdi. Sans nul doute un chef-d’œuvre incontournable dans la carrière exemplaire du maestro italien !
https://www.youtube.com/watch?v=nye62rh7aaQ
« Taxi Driver » : Martin Scorsese – Bernard Herrmann 1976
On change de décor, direction New York avec un film primé 10 ans plus tôt. Depuis dix ans, Herrmann a cessé sa collaboration avec Hitchcock suite à l’affaire de la partition du film « Le Rideau déchiré » (elle fut refusée par le cinéaste au profit de celle de John Williams). Scorcese, grand admirateur d’Herrmann demande timidement au compositeur d’écrire le score de son film. En dépit de ses problèmes de santé, Herrmann se lance à corps perdu dans « Taxi Driver », mariant son style singulier, sombre et sensuel à l’univers du jeune cinéaste. Il opte, à la grande surprise de Scorcese, pour une ambiance urbaine et jazzy, jusqu’alors inexplorée par le compositeur. Unique en son genre, elle est un poignant chant du cygne.
https://www.youtube.com/watch?v=UCVaU-R2Qes
« Les parapluies de Cherbourg » : Jacques Demy – Michel Legrand 1964.
Le film présenté à Cannes obtient la Palme d’Or et le public en ressort surpris, l’esprit mélancolique, l’œil attendri et l’oreille en fête. Alors que les comédies musicales classiques sont ponctuées de chansons, Demy veut lui, mettre en musique des conversations du quotidien. Dur dur pour son frère de création Michel Legrand, qui ne trouve pas l’inspiration tout de suite. Demy est au bord d’abandonner le projet quand Michel trouve enfin le ton : il commence à écrire des thèmes qui s’enchaînent les uns aux autres, la musique se déployant en un phrasé régulier. Les deux compères travaillent huit mois sans relâche, Demy reformule les paroles en fonction des mélodies, évalue le temps de déplacement des acteurs, Legrand modifie une mesure : la symbiose est parfaite.
https://www.youtube.com/watch?v=C-tAQsKTNCY
« La leçon de Piano » : Jane Campion – Michael Nyman 1994
Ici, la musique devient dialogue, remplaçant la voix du personnage mutique d’Ada. Michael Nyman, en grand habitué de l’anachronisme musical se glisse dans la peau d’un musicien de 1850 et s’inspire des musiques populaires d’Écosse pour écrire une partition d’une efficacité exemplaire. C’est l’actrice Holly Hunter qui interprète elle-même les morceaux solos au piano, une interprétation splendide qui offrira à Jane Campion d’être la première femme à obtenir une palme.
https://www.youtube.com/watch?v=Xo9G9C6KvCE
« Les 400 coups » : François Truffaut – Jean Constantin 1994
Pour son premier film, Truffaut commande une musique à Jean Constantin, un chansonnier et amuseur qu’il adore. Ce dernier s’est fait une réputation comme parolier (« Mon manège à moi » pour Piaf) mais n’a jamais travaillé pour le cinéma. Constantin décide alors d’utiliser une chanson qu'il n'arrivait à faire chanter à personne « Comment voulez-vous ? », une merveilleuse petite valse qui traduit toute la fragilité d’Antoine Doinel. Son ami Michel Legrand signera l'orchestration, le triomphe est au rendez-vous, la Nouvelle Vague a désormais sa place à Cannes.
https://www.youtube.com/watch?v=-JQCdGVt3s8
Remerciements au magasin Botanic
999, chemin des Gourettes,
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