Pleurs de bébé : vos questions
La maison des Maternelles- 27 min 21 s
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À partir de quand parle-t-on de pleurs excessifs ?
Docteur Arnault Pfersdorff – Habituellement, on parlait de pleurs excessifs prolongés lorsqu’un bébé pleurait plus de 3 heures par jour, plus de 3 jours par semaine depuis au moins 3 semaines. Mais on est en train d’abandonner cette définition car on rentre dans une catégorisation alors que cela dépend des enfants. Les pleurs excessifs concernent un enfant que l’on a du mal à calmer, un enfant pour lequel on n’arrive pas à avoir une réponse adaptée, et où l’on commence à s’inquiéter. Alors on en parle avec son médecin. Nous sommes là pour ça.
Mon bébé de 3 semaines pousse quelques fois des petits cris dans son sommeil en pleurant pendant quelques secondes et s'arrête. Est-ce possible qu'il ait fait un cauchemar ? Ou est-ce en lien avec une poussée de croissance ?
Ni l’un, ni l’autre. Ce sont des rythmies du sommeil, des petits spasmes qui existent pendant le sommeil. Quand un bébé dort, ses yeux, sous les paupières restent mobiles et c’est pareil avec le corps : les mains peuvent faire des saccades. C’est tout à fait normal. On parle aussi de clonie du sommeil, comme quand on a l’impression de tomber dans un trou. Il n’y a rien d’inquiétant.
On parle beaucoup des pleurs de décharge, mais qu’est-ce que c’est ? Combien de temps cela dure-t-il ?
Ce sont les pleurs du soir. Autrefois on appelait ça les pleurs vespéraux, car ils arrivaient à l’heure des vêpres. Ces pleurs apparaissent après 3, 4 mois et peuvent commencer vers 18, 19 heures jusqu’à 23 heures. À ce moment, on a un peu de mal à calmer les bébés car ils sont en pleine intégration de ce qu’ils ont vécu dans la journée. Avant 3 mois, ils n’ont pas de rythme circadien, c’est-à-dire pas de rythme jour/nuit. Alors qu’après, le bébé va avoir des phases d’éveil durant lesquelles il découvre ce qui l’entoure : les couleurs, les bruits, les sons, les odeurs, la parole de la maman, celle du papa… Il y a aussi les déplacements à la crèche ou chez la nourrice… des milliers de choses qui le stimulent et tout cela provoque des pleurs de décharge.
Notre petite fille de 2 mois qui commence à faire ses nuits se met à pleurer par intermittence dès qu’on la couche et cela peut durer plusieurs heures. Que faire pour l’apaiser ?
Si c’est au moment où l’on se penche le soir pour le poser dans son lit, le bébé sent que l’on va le poser alors qu’il était dans les bras donc cela peut donner lieu à des pleurs. Pour le calmer, on peut tenter de mettre le bébé sur le ventre sans le quitter des yeux et en restant à côté. Et une fois qu’il est calme on attend 20 minutes avant de le remettre sur le dos. Le bébé entre alors dans son premier cycle, c’est le sommeil agité. Ensuite, on retourne le bébé sur le dos, pour qu’il dorme sur dos.
Ma fille de 6 mois, pleure dès qu’elle n’est pas dans les bras. Je m'inquiète pour son entrée en crèche. Comment aider ma fille à s'auto-apaiser ?
Rassurez-vous à la crèche ça va très bien se passer. L’enfant va faire la différence entre maman et les autres. Il y aura un autre environnement, un autre rythme et elle s’adaptera. Là elle a pris l’habitude : je pleure, on me porte. Elle trouve ça génial mais à la crèche, elle ne sera pas dans le même mécanisme.
Pour ce qui est des pleurs à la maison, à 6 mois il faut l’autonomiser dans sa motricité et ne pas tout le temps la porter pour éviter qu’elle ne devienne dépendante. Mettez-la sur le ventre sur le tapis d’éveil avec un coussin sous les épaules et elle va découvrir qu’elle peut faire des trucs comme attraper un jouet, commencer à ramper en arrière…
A noter:
Attention : les pleurs d’un bébé peuvent être très difficiles à supporter. Si vous vous sentez à bout alors que votre bébé pleure : posez-le dans son lit, couché sur le dos, et sortez de la pièce pour retrouver votre calme. Un bébé qui pleure sur le dos dans son lit ne risque absolument rien, alors qu’un bébé qui pleure dans les bras d’un adulte exaspéré risque beaucoup. On estime qu’en France, chaque année, entre 400 et 500 bébés sont victimes du syndrome du bébé secoué : 20% en décèdent et 75% des survivants ont de graves séquelles. Si vous sentez que vous craquez face à votre bébé, si vous vous sentez épuisé.e ou dépassé.e : essayez de ne pas culpabiliser et ne restez pas seul.e, demandez du relai. Vous pouvez également vous tourner vers les Réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents (REAAP) partout en France, les PMI, ainsi que les structures comme L’école des parents ou l’association Les Nids.