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« J'étais tellement fatiguée que je commençais ma journée en pleurant »

Marielle a accouché le 8 mars. De retour à la maison, la jeune maman présente tous les symptômes d'une dépression du post-partum. Elle s'est confiée à LMDM. 

 

Comme le rappelle la Dr Hélène Ouahès, psychiatre au service de périnatalité de l’hôpital du Vésinet, la dépression du post-partum est un état dépressif à proprement parler :

« Ça ne doit pas être confondu avec le post-partum blues, ou baby blues, qui est une forme de tristesse arrivant dans les 3 jours après l’accouchement et qui est très fréquente, mais qui n’est pas un symptôme psychiatrique franc, et qui est régressif rapidement. Par contre, quand les symptômes commencent à s’installer, après 15 jours, 1 mois, là on peut penser à la dépression du post-partum, qui nécessite un traitement. »

Difficulté à s’alimenter, cauchemars ou insomnies, sentiments de colère ou de grande tristesse, humeur instable, peur irrationnelle de faire mal à leur bébé, épuisement psychique… Les symptômes des dépressions du post-partum sont variés et changent selon les mères.

Et dans cette période de confinement et de crise sanitaire, le corps soignant s’inquiète d’une possible hausse de celles-ci. En effet, comme le rappelle le Dr Ouahès, « l’étayage social et familial est primordial après un accouchement. La maman ne peut pas porter tout. Il faut qu’il y ait des cercles concentriques autour du bébé et de la maman. Quand une maman est seule avec son bébé, quand elle est trop isolée, c’est une position inhumaine. »

La difficulté d’être seule avec son bébé, Marielle en sait quelque chose. Cette jeune mère, déjà maman d’une petite fille de 3 ans, a accouché le 8 mars d’un petit Valentin, et nous écrit :

« Même si c'est mon deuxième enfant, ça été très angoissant de se dire qu'on était livrés à nous même. La solitude ressentie au moment du retour à la maison avec mon bébé, ajoutée à la fatigue et à tous les bouleversements, font que je me suis retrouvée débordée. Résultat : j'ai perdu toute patience avec ma fille qui m'a vue pleurer beaucoup trop souvent, crier de désespoir parce qu'elle ne voulait pas dormir. J'étais tellement fatiguée que je commençais ma journée parfois en pleurant. Mon mari a été très affecté car démuni face à mes crises. Aujourd’hui, je suis suivie dans une PMI par une équipe de périnatalité. Je vois un psychiatre. Je vais peut-être devoir prendre des anti-dépresseurs, car je suis trop à fleur de peau pour être lucide. »

Marielle est donc suivie à la PMI mais à distance. L’équipe lui communique un numéro de téléphone, où la jeune femme peut les joindre quand elle le souhaite afin de trouver du soutien :

« Le centre de périnatalité m'a appelé et j'ai pu parler avec eux. Ce qui est dur c'est qu'on ne sort pas de chez soi, on reste dans nos problèmes, même si parler fait du bien. Ils m'ont rappelé une semaine après pour un suivi, et m'ont donné un numéro de portable d'urgence à utiliser sans modération. J'ai utilisé ce numéro plusieurs fois, pendant des crises où je ne contrôlais plus rien. Mes nerfs lâchaient complètement et c'est sur ma fille de 3 ans que ça tombait généralement. Dans ces moments-là, j'appelais mon mari qui venait la récupérer, et je passais le reste de la journée à pleurer » 

La culpabilité est très souvent ressentie par les mamans faisant ces dépressions. Elles culpabilisent de ressentir des sentiments contradictoires face à leur bébé, ou ont le sentiment de ne pas faire bien ou pas assez pour leur enfant, s’en veulent d’être triste. Comme le précise le Dr Ouahes, la difficulté réside dans le fait de ne pas rentrer dans le cercle vicieux de la dépression et de la culpabilité :

« Aller mal à un moment donné, être fatiguée ou épuisée, pleurer, ne pas y arriver, c’est normal ! Le problème de la culpabilité fait qu’on ne va pas oser en parler, ça va nous renfermer, et donc à cause de la culpabilité on entretient cet état. En réalité, il ne faut pas se culpabiliser de cet état, c’est normal. Il faut aller chercher à l’extérieur des appuis. »

Chercher des appuis à l’extérieur, c’est ce que Marielle a fait en s’adressant à la PMI, mais aussi en demandant de l’aide à son entourage :

« On a amené notre fille chez ses grands-parents, oncles et tantes pour pouvoir souffler. Je sais que je suis encore fragile. Le plus dur c'est de n'avoir aucun moment où l'on peut s'échapper, ne penser qu'à soi, écouter de la musique, lire un livre pour soi... On est tout le temps dévoué aux autres et ça ne se finit jamais. J'aime mes enfants, je souhaite m'en occuper dans un maximum de douceur, mais je n'arrive plus à rien. Je suis complètement dépassée et le fait d'être livrée à moi-même à été une véritable torture. »

A noter:

Si vous pensez souffrir d'une dépression du post-partum, parlez-en autour de vous : médecin généraliste, PMI, psychologue ou psychiatre, associations comme Mamans blues, CMP, sage-femme...

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