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Violences familiales : "Le confinement exacerbe toutes les tensions"

Le confinement décidé en France afin de faire face à l’épidémie de coronavirus peut avoir aussi des conséquences insoupçonnées. Parmi elles, une hausse des violences faites aux enfants. 

Face à la crise sanitaire inédite que traverse la France, la population est soumise à un confinement tout aussi inédit. Afin d’endiguer l’épidémie de Covid-19, les Français et leurs enfants sont obligés de rester chez eux. Une mesure de protection qui, pour certains enfants, peut virer au cauchemar. 

Effectivement ce confinement inédit pose la question d’une recrudescence des violences intrafamiliales. Et face à un système public de protection de l’enfance qui tourne au ralenti durant la crise sanitaire, les associations craignent une explosion des violences dans les huis clos familiaux. 

Un appel « à redoubler de vigilance »

Face à cette situation inédite, le secrétaire d’État à la Protection de l’enfance Adrien Taquet, appelle « à redoubler de vigilance ». Dans un communiqué publié le mardi 17 mars, il alarme à propos de « situations favorisant le passage à l’acte à domicile et d’une difficulté supplémentaire pour le repérer ».  

Si l’école et les activités extrascolaires peuvent servir de refuge pour les enfants maltraités, cette période de confinement peut les mettre en danger. Adrien Taquet appelle alors à chacun de redoubler de vigilance et de ne pas hésiter à composer le 119 face à une suspicion de violence. 

Le 119 maintient son service d’écoute durant le confinement

Le Service 119-Allô Enfance en Danger reste accessible à tous durant la période de confinement. Il s’agit du numéro national dédié à la prévention et à la protection des enfants en danger ou en risque de l’être. Le service mobilise 45 écoutants 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Le temps d'attente peut être plus long, les appels d'enfants et d'adolescents restent prioritaires.

Nora Darani, responsable de la communication du 119, nous rappelle les deux missions principales du service : 

« Le 119 a une mission de prévention et de protection tout d’abord. Nos équipes accueillent jour et nuit les appels d’enfants et d’adolescents en danger. Mais nous recevons également des appels de voisins, de familles proches, de camarades. Nous apportons de l’écoute, du soutien et des conseils immédiats dans un premier temps. Notre autre mission, c’est celle de transmettre les informations lorsqu’elles sont préoccupantes. Si un cas est grave, l’écoutant rédige et transfère ces informations jusqu’aux services départementaux. »

Face à cette situation inédite de confinement, le 119 a recensé un peu plus d’appels qu’à l’habitude. Le numéro d’urgence reçoit, en moyenne, entre « 800 à 1000 appels par jours »

En période de confinement : appel à la responsabilité de chacun 

La période de confinement rend les situations intrafamiliales plus délicates. Les équipes traitent en priorité les appels d’enfants et d’adolescents. Nora Darani nous relate : 

« Nous avons reçu beaucoup d’appels d’enfants ou d’adolescents qui nous disaient qu’ils ne savaient plus quoi faire. Le confinement a cet impact que toutes les tensions sont centralisées et exacerbées. Nous recevons aussi parfois des appels de parents qui ne sont pas maltraitants, mais qui sont inquiets. Ils ont peur de craquer. Dans certaines situations, il arrive que l’on puisse aussi rétablir le contact entre les parents et les enfants. Notre mission d’écoute pour cela est fondamental. »

Pour Nora Darani, appeler le 119 constitue un acte de citoyen : 

« Nous recevons toute l’année des appels de voisins qui relatent que dans l’appartement d’à côté, ils entendent des cris, peut-être même des coups. Il en est de même pour les enfants exposés à la violence dans un couple. Que ce soit les voisins, des camarades ou l’entourage proche, il faut appeler. On ne demande à personne de prouver qu’il y a maltraitance, le rôle du citoyen c’est d’alerter. Les professionnels ensuite se chargent de reconnaître cela. Il s’agit d’être alerte et responsable. »

Pour Lyes Louffok, membre du Conseil national de la protection de l’enfance et de l’association SOS Enfant Placés, le 119 est le premier réflexe en cas de doute : 

« Pendant le confinement, les instances juridiques, administratives et sociales tournent au ralenti. Les enfants peuvent être en danger et ils ne seront pas protégés. Mais il est très important d’appeler le 119. Cela permettra d’obtenir des réponses, des conseils et d’agir une fois le confinement levé. »

Lyes Louffok en appelle au gouvernement pour l’après-confinement : 

« L’une des mesures les plus urgentes est de pouvoir doubler les équipes pour les cellules du 119. Il faudra beaucoup de renfort pour traiter les demandes qu’il y aura eu durant le confinement. »

A noter:

Service National d’Accueil Téléphonique de l’Enfance en Danger (119) https://www.allo119.gouv.fr/

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