PMA, le meilleur des mondes ?
Infrarouge- Documentaires société
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Avec les techniques médicales de procréation, tous les enfants sont désormais possibles. Seule ou à deux personnes de même sexe, avec ou sans son propre patrimoine génétique. Aujourd'hui, plus de 25000 enfants naissent chaque année via la PMA en France. Mais celle-ci reste exclusivement réservée aux couples hétérosexuels. Le désir d'enfant, lui, traverse tout le monde : célibataires, couples gays et lesbiens. C'est ce que les personnages de « PMA, le meilleur des mondes ? » prouvent à chaque instant.
Alors la médecine procréative doit-elle répondre à tous ces désirs ? La société peut-elle penser aussi vite que les avancées techniques ? Comment imaginer ce que la reproduction artificielle modifie de notre Humanité ? Ce sont ces questions auxquelles plusieurs experts (médecins, psychanalystes, membres du Comité d'éthique) tentent de répondre. La révision des lois de bioéthique devrait être le moment propice pour penser calmement cette (r)évolution. Mais sera-t-elle suffisante alors qu'une industrie de la reproduction est déjà à l'œuvre pour répondre à tous les désirs d'enfant... ?
Le 25 juillet 2018, Louise Brown fêtera ses quarante ans. Cette Britannique de Bristol, mère d'un petit Cameron et employée modèle dans une entreprise de transport, retient régulièrement l'attention des médias. Elle incarne à elle seule le symbole d'une révolution silencieuse de l'humanité. Louise Brown est le premier bébé-éprouvette du monde.
Depuis 1978, année de sa naissance, près de six millions de bébés ont vu le jour grâce à l'assistance médicale à la procréation. La médecine reproductive a permis de palier l'infertilité de millions de couples. Ce que l'on ne soupçonnait pas alors, c'était que cette médecine reproductive allait ouvrir la porte à une véritable révolution sociétale, celle de la reproduction artificielle de l'humain. Une révolution où l'on aiderait des adultes parfaitement fertiles à fabriquer leur enfant.
Mais ce phénomène rencontre un obstacle majeur en France : celui de l'adaptation de la loi à l'évolution sociétale. En France, femmes seules ou en couple n'ont pas accès à la procréation médicalement assistée. Célibataires, lesbiennes mariées ou non, femmes de plus de 43 ans doivent partir en Espagne, en Belgique ou en République tchèque pour accéder à leur désir d'enfant. Elles dépensent parfois des fortunes pour tomber enceintes. En 2019, les lois de bioéthique - qui englobent les questions de procréation médicale - seront révisées.
Depuis quarante ans, la médecine reproductive n'a de cesse de franchir les barrières biologiques imposées aux femmes, aux hommes et aux couples. Désormais, tous les enfants sont possibles, y compris pour une femme seule, un couple lesbien, une femme au corps trop « vieux », une femme totalement stérile, … Les enfants se choisissent déjà en fonction de leur sexe ou de leur patrimoine génétique, surtout pour des raisons médicales, et bientôt, ce sera en fonction de la couleur de leurs yeux ou de leurs cheveux. On peut transplanter des utérus, faire appel à des dons d'ovocyte, acheter des paillettes de sperme par Internet, …
En découvrant l'ensemble des possibilités offertes par la médecine, nous avons mis le doigt sur la notion de limites et sur l'essence même de ce désir d'enfant. Quand le corps ou la vie - orientation sexuelle, âge, ... - dit « non », elles et ils n'ont pas voulu renoncer. Nombreuses sont donc celles qui se sont tournées vers la médecine reproductive pour « soigner » leur infertilité.
Cette médecine qui soigne est une évidence lorsque le corps est malade. Mais que devient-elle lorsqu'elle soigne une infertilité d'un nouveau genre, l'infertilité dite « sociale » qui concerne les femmes seules, les retardataires ou les couples homosexuels ? Ne devient-elle pas une médecine de « confort » qui vise d'abord à assouvir tous les désirs de parentalité ?
Cette réflexion et ce questionnement sur ce qui se joue avec la médecine reproductive est devenu un projet de film.
Réalisé par : Laure Noualhat, Jean Crépu