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Briser le tabou du post-partum : « Levez la main si vous ne saviez pas que vous changeriez aussi vos propres couches »

« C’est que du bonheur »… Vraiment ? Saignements, fatigue, solitude, douleurs : avec le hastagh #MonPostPartum, les femmes témoignent de la période difficile d’après l’accouchement.

Lumière blanche, cheveux ondulés, teint immaculé, lèvres rosées, sourire accompli. Une femme tient contre son sein son nourrisson endormi, dans une parfaite pose divine. Voici le genre de scène que l’on peut admirer sur Instagram, le réseau social des petits cœurs rouges qui nourrissent l'ego. Sous les hashtags #momsofinstagram ou #momslife, des milliers de femmes posent avec leurs bébés de quelques jours, dans une mise en scène magnifiée. 

Mais, loin de ce cliché digital, il existe une réalité toute autre. Celle du post-partum douloureux, du ventre gonflé, des saignements qui n’en finissent plus, des bébés qui pleurent, des mamans qui craquent, des points de cicatrice qui tirent, des cernes qui s’allongent. Et pour que la boucle soit bouclée, c’est encore sur Instagram que cette réalité s’expose. 

Tout a commencé après qu’une publicité Frida Mom, une marque qui commercialise des produits d'hygiène post accouchement, ait été rejeté par ABC News et l’Académie des Oscars, dans une Amérique qui semble trop puritaine pour supporter ce qui y est montré : les pleurs d’un bébé, une femme se levant au milieu de la nuit, allant aux toilettes pour changer ses protections souillées de sang, marchant avec difficulté, le ventre encore gonflé par un accouchement qu’on imagine récent. Verdict ? Jugée « trop crue » par la chaîne.

Il n’en fallait pas moins à internet pour se charger de remettre les pendules à l’heure : les quelques 10 millions d’abonnées de la mannequin Ashley Graham découvrent leur idole, qui a accouché fin janvier, posant fièrement en méga-slip devant un miroir.

Elle légende :

« Levez la main si vous ne saviez pas que vous changeriez aussi vos propres couches ! Après toutes ces années dans la mode, je n'aurais jamais pu deviner que les sous-vêtements jetables seraient mon vêtement préféré mais nous y sommes ! Personne ne parle de la récupération et de la cicatrisation que les femmes doivent traverser. Je voulais vous montrer que tout n’est pas arc-en-ciel et papillons ! C'est incroyable les obstacles auxquels nous sommes toujours confrontées pour parler de ce que les femmes traversent vraiment. »

En France, les militantes féministes Illana Weizman, Masha Sacrée, Morgane Koresh et Ayla Saura lancent le hashtag #monpostpartum le 12 février sur Instagram :

« Me voici, portant une couche pour adulte, épongeant le sang qui coule pendant des jours et des semaines, le ventre encore gonflé, l’utérus encore étendu, les contractions qui le remettent doucement en place, les jambes bleuies, les points qui tirent, l’impossibilité de s’asseoir sans douleur, l’urine qui brûle, l’impression d’être passée sous un rouleau compresseur » écrit-elle sous sa photo, avant de conclure : 

« Si on parlait davantage de ces sujets, si on ne les invisibilisait pas de façon systématique, les mères se sentiraient moins isolées, moins démunies ». On est bien d'accord.

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