"Ce
procès doit être un tournant" : un collectif de victimes du chirurgien
pédocriminel Joël Le Scouarnec, jugé à Vannes pour viols et agressions
sexuelles sur 299
personnes, a exhorté lundi responsables politiques et ordre des
médecins à s'engager pour des mesures fortes contre la pédocriminalité
en milieu médical. "Plus jamais ça", ont scandé sur les marches du
palais de justice de Vannes une vingtaine de victimes
et de proches, soutenus par des associations et syndicats.
"Nous
ne pouvons plus accepter que cette affaire historique se termine comme
elle a commencé: dans le silence", ont lancé les victimes du collectif,
se relayant pour
lire leur déclaration.
"Ce
procès n'est pas seulement celui d'un homme, c'est le procès d'un
système, celui de défaillances institutionnelles en série, de
complicités passives, d'alertes
ignorées, de responsabilités diluées, de lenteur judiciaire, de défaut
de coordination, d'une culture du silence... C'est un laboratoire des
failles systémiques de notre pays", ont-elles déploré. Le collectif
pointe "l'inaction" du gouvernement et des responsables
politiques depuis l'ouverture du procès, le 24 février, devant la cour
criminelle du Morbihan, déplorant que leurs lettres aux ministres de la
Santé et de la Justice, ainsi qu'à la Haut commissaire à l'Enfance,
soient restées sans réponse. Le collectif demande
"une commission interministérielle" et réclament "une obligation légale
de signalement par les médecins de toute suspicion de violences
sexuelles sur mineurs", "l'interdiction d'exercer toute profession de
santé pour les personnes condamnées pour violences
sexuelles" et "obligation de transparence et de sanctions" par les
Agences régionales de santé et les ordres des médecins.
Charlotte Chaffanjon, journaliste au service enquête de Libération, reviendra
avec nous sur l'importance historique de ce procès, et sur les raisons pour lesquelles les victimes se sentent oubliées.