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C dans l'airTrump : business, diplomatie... Premiers succès ?
Décryptage & investigation
1 h 4 min
Français
Depuis son retour à la Maison-Blanche, le président
des États-Unis ne cache rien de sa méthode. "La meilleure chose que
vous puissiez faire est de négocier en position de force. L’effet de
levier est votre plus grande force. En d’autres
termes, vous devez convaincre l’autre partie qu’il est dans son intérêt
de conclure l’affaire", écrit le président des États-Unis dans son
livre consacré à la négociation, "The Art of the Deal".
Une stratégie du businessman dont Donald Trump se sert également sur la
scène internationale, en matière diplomatique dans le dossier de la
guerre en Ukraine ou au Moyen-Orient. Le président américain, qui achève
ce vendredi une tournée fastueuse du Golf, a
profité de ce premier déplacement d’envergure depuis son élection pour
conclure toute une série d’accords commerciaux, assumant sans complexe
de "faire de la vente". Après avoir récolté 600 milliards de dollars en
Arabie saoudite et un contrat de 200 milliards
de dollars pour Boeing au Qatar, il s'est vu promettre jeudi à Abou
Dhabi 1.400 milliards de dollars d'investissements sur dix ans. Au cours
de cette tournée, le président des Etats-Unis a aussi fait de la
géopolitique avec notamment une rencontre avec le
président syrien, assortie d’une levée des sanctions.
Pour Donald Trump, tout est une question de business et de rapport de
force. C’est ainsi qu’il a annoncé au début de son mandat la
réactivation de surtaxes douanières importantes avant d’ouvrir des
négociations et de rétropédaler. La Chine était particulièrement
dans le viseur de cette guerre commerciale. Les taxes douanières des
États-Unis contre les produits chinois étaient montées à 145 %. A
l’issue de deux jours de discussions à Genève le week-end dernier, ces
droits de douanes seront finalement réduits à 30 %,
tandis que le taux imposé par la Chine aux produits américains, qui
était passé à 125 %, tombera à 10 %. Un exemple révélateur de la
négociation du businessman qui multiplie les mesures protectionnistes
pour inverser le mouvement de délocalisation et faire
revenir les emplois.
Au cours de cette bataille commerciale, celui qui a pour doctrine
"America First" a également renouvelé les appels aux entreprises
étrangères pour qu’elles délocalisent leur production sur le sol
américain, en échange d’une fiscalité plus avantageuse et d’un
accès sécurisé au marché intérieur. Ce message, déjà martelé lors de
son premier mandat, semble avoir été entendu par plusieurs grands
groupes qui ont récemment annoncé de nouveaux investissements aux
États-Unis : le constructeur automobile sud-coréen Hyundai
prévoit d'investir 21 milliards de dollars sur les quatre années à
venir, le géant pharmaceutique français Sanofi 20 milliards de dollars
d’ici 2030, l’armateur français CMA-CGM 20 milliards de dollars en
quatre ans.
En France, le patron de Bercy a déploré l’investissement colossal des
groupes français outre-Atlantique. "L'ampleur des investissements aux
États-Unis, c'est sûr que c'est un mauvais signal à un moment où nous
considérons et nous sommes convaincus que (...)
l'Europe et la France, c'est l'endroit où il faut investir", a expliqué
le ministre de l'Économie. Le président de la République qui avait
appelé les entreprises françaises à suspendre leurs investissements aux
États-Unis a fait son retour cette semaine sur
la scène intérieure. Sur TF1, il a promis de "sauver" les sites
ArcelorMittal mais sans nationaliser. La solution viendra avant tout de
la faculté de "recréer les conditions d’une concurrence loyale". "Et
pour cela nous allons durcir le déclenchement des clauses
de sauvegarde entre l’Europe et les pays extra-européens", a
expliqué le chef de l’État jeudi lors d’un point devant la presse
régionale.
Alors la méthode de négociation de Donald Trump est-elle efficace ?
Est-il en train de perdre sa guerre commerciale face à la Chine ? En
quoi consiste sa diplomatie du business ? Et que se passe-t-il chez
ArcelorMittal ?
Les experts :
- Philippe Dessertine, directeur de l’Institut de Haute Finance
- Anne Toulouse, journaliste franco-américaine,auteure de L’art de Trumper
- Béatrice Mathieu, grand reporter - L’Express
- Philippe Mabille, directeur éditorial - La Tribune et La Tribune Dimanche