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C dans l'airBétharram : 5h30 sur le grill... Bayrou s'explique
Décryptage & investigation
1 h 5 min
Français
Une audition longue et sous tension. Pendant plus
de cinq heures, François Bayrou, accusé depuis plusieurs semaines
d'avoir fermé les yeux sur les violences commises pendant des décennies à
Notre-Dame de Bétharram, alors qu'il était à des
positions de pouvoir dans la région, s’est expliqué hier devant la
commission d’enquête sur les violences dans les établissements scolaires
de l’Assemblée nationale. Interrogé par les rapporteurs Paul Vannier
(la France insoumise, LFI) et Violette Spillebout
(Renaissance), l’élu béarnais n’a cessé d’écarter toute responsabilité
politique, a réfuté avoir menti et être intervenu auprès de la justice
et a dénoncé une cabale politique. Une séquence tendue de questions -
réponses qui s’est prolongée tard dans la soirée
et a souvent viré à l’affrontement.
À la sortie, si François Bayrou s’est montré satisfait évoquant pour lui
un "moment libérateur", la présidente de la commission a peu apprécié
la tonalité du Premier ministre. "Nous avons mené nos travaux aussi
sereinement que d’habitude, avec la même méthodologie
que l’on utilise depuis plus de deux mois et nous avons auditionné plus
de cent personnes", a expliqué la députée socialiste de
Seine-Saint-Denis, Fatiha Keloua Hachi. "Je l’ai trouvé confus, parfois
même agressif et grossier à notre égard (…) Nous devons
relire les procès-verbaux" et "revisionner" les cinq heures trente
d’audition", a fait valoir la présidente de la commission, avant de
promettre de prendre "les mesures qu’il faudra (…) en temps voulu".
Le chef du gouvernement s'en est régulièrement pris au corapporteur LFI,
Paul Vannier, l'accusant de "malhonnêteté", de "manipulation" et de
faire de cette commission un procès politique. Mais pour l'insoumise
Sarah Legrain, il faut inverser les accusations.
"François Bayrou a décidé d'en faire une guerre politique, là où tout
le monde l'attendait sur la question de ses responsabilités politiques."
"Il met en cause la commission. Il met en cause un des rapporteurs. Il
accable l'enseignante qui a servi de lanceur
d'alerte, prétend que deux militaires haut gradés de la gendarmerie
sont des menteurs. Il se victimise et il refuse de voir la réalité. Pour
moi, c'est assez accablant, c'est un véritable naufrage", a réagi la
socialiste Colette Capdevielle.
Plusieurs députés, du centre à l’extrême droite, se sont en revanche
indignés de la manière dont François Bayrou a été interrogé sur sa
connaissance des faits, évoquant une "indécence totale", un "procès
stalinien" ou encore une "exploitation assez indigne".
Sur Radio J, le chef des députés Modem, Marc Fesneau, très proche de
François Bayrou, s’en est pris à M. Vannier, jugeant "cette façon de
traiter les gens assez dégueulasse". "C’est du stalinisme", a-t-il
estimé, évoquant "un procès à charge". "Il faut qu’on
arrête avec les commissions d’enquête" à l’Assemblée nationale "parce
qu’on en fait des objets politiques permanents", où "il ne s’agit pas de
combattre, il s’agit d’accuser l’autre".
Les travaux de la commission d’enquête sur le contrôle par l'Etat des
violences à l'école ont débuté en mars dernier avec l'écoute des
victimes, puis l'audition des administrations de l'Etat, des
institutions religieuses, de chercheurs. Elles vont se poursuivre
avec l’audition des responsables politiques, ministres actuels et
passés. Ses conclusions seront rendues à la fin du mois de juin.
Que retenir des cinq heures d’audition de François Bayrou ? Quel est le
rôle d’une commission d’enquête parlementaire ? Comment
fonctionne-t-elle ? Enfin l'affaire Pelicot aurait-elle pu être évitée ?
Dans son nouveau livre, "Fétiche45 : les autres vies"
de Dominique Pelicot, le grand reporter au magazine Marianne Laurent Valdiguié évoque de nombreux dysfonctionnement. Il en a parlé à nos journalistes.
Les experts :
- Carl Meeus, rédacteur en chef - Le Figaro Magazine
- Marion Solletty, grand reporter - Politico
- Mathieu Delahousse, grand reporter - Le Nouvel Obs
- Jean Garrigues, historien, président de la commission internationale d'histoire des assemblées