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C dans l'airTrump / Poutine : leur "deal" pour l'Ukraine
Décryptage & investigation
1 h 4 min
Français
Disponible jusqu'au 25/05/2025
Donald Trump veut un cessez-le-feu, mais à quel prix ? Alors que la guerre se prolonge en Ukraine, le président américain veut imposer son plan de paix "cette semaine", mais semble perdre patience. “Vladimir, ARRÊTE !” s’est agacé jeudi le locataire de la Maison-Blanche sur sa plateforme Truth Social, après une nouvelle vague de frappes russes meurtrières sur l’Ukraine. C’est un "très mauvais timing", a écrit le républicain, qui annonçait quelques heures plus tôt qu'un accord avec la Russie était "très proche". Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov avait lui aussi assuré jeudi que la Russie était prête à un accord pour mettre fin au conflit "mais certains éléments spécifiques doivent encore être peaufinés", avait-il nuancé à la veille d’une nouvelle rencontre au kremlin entre Vladimir Poutine et l’émissaire de Trump Steve Witkoff. S’agit-il du sort de la Crimée, territoire ukrainien annexé par Moscou en 2014 ? Le président ukrainien le répète : il n’est pas question de céder sur la souveraineté ukrainienne. Accusé par Donald Trump de bloquer les négociations, Volodymyr Zelensky a répondu aux critiques en publiant sur Telegram une déclaration de l'administration Trump de 2018 s'opposant à l'annexion de la Crimée par Moscou. "L'Ukraine agira toujours en respectant sa Constitution et nous sommes absolument sûrs que nos partenaires, en particulier les États-Unis, agiront en suivant leurs décisions fortes", a écrit le président ukrainien. Mercredi, après la défection de Marco Rubio, chef de la diplomatie américaine, de la rencontre de concertation prévue entre les États-Unis l’Ukraine et l’Europe à Londres, Donald Trump avait publié un long message dans lequel il avait fait porter la responsabilité du blocage actuel des tractations à Volodymyr Zelensky, dénonçant des positions incendiaires de son homologue ukrainien sur la Crimée "perdue depuis des années". Le même jour des fuites, dans la presse, ont révélé que Donald Trump serait prêt à reconnaître juridiquement la cession de la Crimée à la Russie, et peut-être aussi des régions de l’est de l’Ukraine, tout en refusant son entrée dans l’OTAN. Parallèlement Moscou a rappelé son opposition au maintien d’une armée ukrainienne forte et au déploiement de forces européennes comme garanties de sécurité. L’envoi de "forces de maintien de la paix" occidentales sur "des terres historiques russes» est un scénario qui "pourrait conduire à une confrontation directe entre l’OTAN et la Russie, voire à une troisième guerre mondiale à plus long terme", a mis en garde le secrétaire du Conseil de sécurité russe Sergueï Choïgou ce jeudi 24 avril. Et ce vendredi, dans une interview accordée au TIME, Donald Trump a déclaré que la Crimée "restera sous contrôle russe", tout en accusant l’Ukraine d’avoir déclenché la guerre lorsqu’ "ils ont commencé à parler d’adhésion à l’Otan". Une nouvelle fois, Washington fait donc preuve d’un biais pro-Poutine flagrant, avec des arrière-pensées économiques puisque les États-Unis se disent prêts à lever les sanctions contre la Russie : à savoir reprendre le business. Côté russe, la Crimée représente le trophée que Vladimir Poutine voudrait pouvoir brandir le 9 mai prochain, pour le 80eme anniversaire de la victoire de l’Armée rouge dans la grande guerre patriotique. Inacceptable pour Kiev pour qui la Crimée est, comme pour Moscou, un enjeu aussi bien stratégique que symbolique. Pour l’heure les Européens demeurent silencieux. Mais si l’Ukraine veut poursuivre la guerre sans le soutien américain, que fera l’Europe ? Quel est le plan de Donald Trump pour l’Ukraine mais aussi en Iran ? Les experts : - Général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès de l’ONU - Pierre Haroche, maître de conférences en politique européenne et internationale - Université catholique de Lille - Vincent Hugeux, journaliste indépendant, essayiste, spécialiste les enjeux internationaux - Marie Jego - Journaliste spécialiste de la Russie - Le MondeEn savoir plusDonald Trump veut un cessez-le-feu, mais à quel
prix ? Alors que la guerre se prolonge en Ukraine, le président
américain veut imposer son plan de paix "cette semaine", mais semble
perdre patience. “Vladimir, ARRÊTE !” s’est agacé jeudi
le locataire de la Maison-Blanche sur sa plateforme Truth Social, après
une nouvelle vague de frappes russes meurtrières sur l’Ukraine. C’est
un "très mauvais timing", a écrit le républicain, qui annonçait quelques
heures plus tôt qu'un accord avec la Russie
était "très proche". Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov
avait lui aussi assuré jeudi que la Russie était prête à un accord pour
mettre fin au conflit "mais certains éléments spécifiques doivent encore
être peaufinés", avait-il nuancé à la veille
d’une nouvelle rencontre au kremlin entre Vladimir Poutine et
l’émissaire de Trump Steve Witkoff.
S’agit-il du sort de la Crimée, territoire ukrainien annexé par Moscou
en 2014 ? Le président ukrainien le répète : il n’est pas question de
céder sur la souveraineté ukrainienne. Accusé par Donald Trump de
bloquer les négociations, Volodymyr Zelensky a répondu
aux critiques en publiant sur Telegram une déclaration de
l'administration Trump de 2018 s'opposant à l'annexion de la Crimée par
Moscou. "L'Ukraine agira toujours en respectant sa Constitution et nous
sommes absolument sûrs que nos partenaires, en particulier
les États-Unis, agiront en suivant leurs décisions fortes", a écrit le
président ukrainien.
Mercredi, après la défection de Marco Rubio, chef de la diplomatie
américaine, de la rencontre de concertation prévue entre les États-Unis
l’Ukraine et l’Europe à Londres, Donald Trump avait publié un long
message dans lequel il avait fait porter la responsabilité
du blocage actuel des tractations à Volodymyr Zelensky, dénonçant des
positions incendiaires de son homologue ukrainien sur la Crimée "perdue
depuis des années". Le même jour des fuites, dans la presse, ont révélé
que Donald Trump serait prêt à reconnaître
juridiquement la cession de la Crimée à la Russie, et peut-être aussi
des régions de l’est de l’Ukraine, tout en refusant son entrée dans
l’OTAN. Parallèlement Moscou a rappelé son opposition au maintien d’une
armée ukrainienne forte et au déploiement de forces
européennes comme garanties de sécurité. L’envoi de "forces de maintien
de la paix" occidentales sur "des terres historiques russes» est un
scénario qui "pourrait conduire à une confrontation directe entre l’OTAN
et la Russie, voire à une troisième guerre
mondiale à plus long terme", a mis en garde le secrétaire du Conseil de
sécurité russe Sergueï Choïgou ce jeudi 24 avril.
Et ce vendredi, dans une interview accordée au TIME, Donald Trump a
déclaré que la Crimée "restera sous contrôle russe", tout en accusant
l’Ukraine d’avoir déclenché la guerre lorsqu’ "ils ont commencé à parler
d’adhésion à l’Otan". Une nouvelle fois, Washington
fait donc preuve d’un biais pro-Poutine flagrant, avec des
arrière-pensées économiques puisque les États-Unis se disent prêts à
lever les sanctions contre la Russie : à savoir reprendre le business.
Côté russe, la Crimée représente le trophée que Vladimir
Poutine voudrait pouvoir brandir le 9 mai prochain, pour le 80eme
anniversaire de la victoire de l’Armée rouge dans la grande guerre
patriotique. Inacceptable pour Kiev pour qui la Crimée est, comme pour
Moscou, un enjeu aussi bien stratégique que symbolique.
Pour l’heure les Européens demeurent silencieux. Mais si l’Ukraine veut
poursuivre la guerre sans le soutien américain, que fera l’Europe ? Quel
est le plan de Donald Trump pour l’Ukraine mais aussi en Iran ?
Les experts :
- Général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès de l’ONU
- Pierre Haroche, maître de conférences en politique européenne et internationale - Université catholique de Lille
- Vincent Hugeux, journaliste indépendant, essayiste, spécialiste les enjeux internationaux
- Marie Jego - Journaliste spécialiste de la Russie - Le Monde