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C dans l'airBarnier sur le départ... Et maintenant, on fait quoi ?
Décryptage & investigation
1 h 3 min
Français
Evoqué depuis des semaines, le scénario d’une chute
du gouvernement se précise depuis que le Premier ministre a actionné
lundi l’article 49.3 de la Constitution, engageant la responsabilité de
son gouvernement sur le projet de loi de la
Sécurité sociale. Dans la foulée, le Nouveau Front populaire et le
Rassemblement national ont déposé une motion de censure. Elles seront
examinées à partir de ce mercredi 16 heures à l’Assemblée nationale. En
attendant, l'entourage du Premier ministre accuse
"la garde rapprochée de Marine Le Pen" d'avoir "refusé à trois reprises
une rencontre à Matignon". Il est "étonnant de voir le RN dire qu'ils
ont été reçus trop tardivement", a fustigé l'entourage de Michel Barnier
auprès de médias, dont franceinfo, mardi
matin alors qu'au sein du gouvernement le ministre de l'Intérieur a
appelé Marine Le Pen " à la responsabilité". "On risque un chaos, on
risque la crise financière (...) On a une partie de la classe politique
qui joue à la roulette russe", a notamment affirmé
Bruno Retailleau. Le Premier ministre a annoncé qu’il interviendrait ce
mardi 20 heures de TF1 et de France 2.
Pour faire chuter le gouvernement, 288 députés devront voter la censure.
Mercredi, la motion de la gauche sera discutée en premier. Sauf
rebondissements de dernières minutes, elle devrait être adoptée, le RN
ayant dit qu’il la voterait. Le parti de Marine Le
Pen, malgré quelques concessions de l’exécutif, votera la censure avec
l’ambition de mettre au tapis le gouvernement Barnier.
Mais pour la suite c’est le grand flou, sur les finances, sur la
succession à Matignon et sur l’avenir du quinquennat Macron. Une
situation scrutée par les marchés et qui inquiète les acteurs
économiques, alors que sur le front de l’économie les plans sociaux
se multiplient. Auchan, Michelin, Valeo, Vencorex, Don Bosco, Saunier
Duval… … Annoncée depuis plusieurs mois, la vague de défaillances
d’entreprises et des licenciements est bel et bien là. Le Conseil
national des administrateurs judiciaires et des mandataires
judiciaires indique que "le volume des défaillances devrait
probablement atteindre à la fin de l’année 2024, le seuil des 65 000
entreprises ". Plus de 160 000 emplois seraient touchés à court et moyen
terme par ces défaillances. Un chiffre spectaculaire,
mais qui a augmenté moins vite que le nombre de faillites, en hausse de
20 % par rapport à 2023 dont de nombreuses PME.
Dans ce contexte, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a
alerté, fin novembre sur une "accélération très forte de la dégradation
de la situation" en matière de plans sociaux, et a appelé à des
mobilisations devant usines et préfectures le 12 décembre
prochain. D’ici là, ce jeudi, sera organisée une journée nationale de
grève dans la fonction publique pour faire barrage au 1,2 milliard
d’euros d’économies, prévues dans l’administration par le gouvernement
pour le budget 2025.
Quels sont les scénarios sur la table ? Que va faire Emmanuel Macron
alors que des appels à sa démission sont d’ores et déjà lancés ? A quoi
faut-il s’attendre en matière économique et sociale ? Enfin quels
regards portent les Français sur l’état de la société
et la situation politique actuelle ? Pour la douzième année
consécutive, l’Ipsos vient de publier l’enquête Fractures françaises,
pour le Monde, le Cevipof, la Fondation Jean-Jaurès et l’Institut
Montaigne. Après une année politique très mouvementée, cette
grande étude témoigne d’une défiance toujours plus forte des Français
envers la classe politique dans un climat social qui demeure difficile.
Ainsi 55 % des Français déclarent rencontrer des difficultés à subvenir
aux dépenses courantes de leur foyer. Sans
surprise la préoccupation pour le pouvoir d’achat reste de loin la plus
citée par les Français (38%).
Les experts :
- Jérôme JAFFRÉ - Politologue - Chercheur associé au CEVIPOF
- Nathalie SCHUCK - Grand reporter - Le Point, auteure de Les naufrageurs
- Gaëlle MACKE - Directrice déléguée de la rédaction - Challenges
- Anne-Charlène BEZZINA - Politologue et constitutionnaliste, maître de conférences en droit public, auteure de
Cette constitution qui nous protège