Procès Palmade : le sexe, la drogue... et la chute
C dans l'air- Décryptage & investigation
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C’est l’heure du jugement pour Pierre Palmade. Bientôt deux ans après le grave accident de la route qu’il a provoqué en conduisant sous l’emprise de stupéfiants, il a été confronté à l’ouverture de son procès au récit des vies brisées des victimes de la famille de la voiture qu'il a percutée. Dans le véhicule, se trouvaient le conducteur, un homme de 38 ans, son fils de six ans et sa belle-sœur de 27 ans, enceinte au moment de la collision. Leurs pronostics vitaux avaient été engagés. "C'est très difficile pour moi d'être présente aujourd'hui dans cette salle, il y a un gros travail fait avec ma psychiatre", a témoigné la jeune femme. Enceinte de six mois lors des faits, elle a perdu son bébé. "Je ne pourrai plus redevenir comme avant", a de son côté déclaré le conducteur de la Mégane. Son foie et ses intestins ont été atteints et ses hanches restent très fragilisées.
En février 2023, après trois jours sans dormir en prenant des drogues, l'artiste avait conduit sur une route départementale de Seine-et-Marne et percuté de face une Renault Mégane qui arrivait en sens inverse, blessant grièvement ses passagers. La France avait alors découvert la descente aux enfers de l’humoriste, sa toxicomanie, ses pratiques sexuelles, largement racontées dans les médias.
Aujourd’hui, c’est un homme seul qui comparait devant le tribunal de Melun. L’expertise en accidentologie a conclu que la cause du choc revenait exclusivement à l’humoriste. Les deux passagers qui étaient avec lui lors de l'accident ont bénéficié d'un non-lieu. L’analyse toxicologique a montré la forte présence de stupéfiants, de la cocaïne et de la 3MMC, une drogue de synthèse addictive et dangereuse. La juge d'instruction a renvoyé Pierre Palmade devant le tribunal pour "blessures involontaires, aggravées par la prise de drogues", sans toutefois retenir la qualification d'"homicide involontaire" requise par le parquet pour la perte du fœtus car une expertise médicale a montré qu’il était mort in utéro dans la collision, donc sans existence légale. Mais les parties civiles entendent bien porter ce débat à l’audience. "Ce choix du magistrat instructeur est, à mon sens, hautement contesté et contestable, il doit donc être discuté", a ainsi déclaré l'avocat des trois victimes de l'accident, Mourad Battikh, ce mercredi. Pierre Palmade encourt une peine de 14 ans d'emprisonnement et 200 000 euros d'amende car il se trouve en état de récidive légale en raison d'une condamnation en 2019 pour usage de stupéfiants.
Une consommation de drogues qui explose en France selon le dernier rapport de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), touche désormais tous les milieux et on l’a appris récemment avec l’affaire Andy Kerbrat ne s’arrête pas aux portes de l’Assemblée nationale. Le député la France Insoumise de Loire-Atlantique avait été surpris mi-octobre en train d’acheter de la 3MMC dans le métro à Paris. L’élu avait reconnu les faits qu’il avait mis sur le compte d’une «addiction» et de «problèmes personnels». Ce que l’on ne savait pas en revanche, et qu’a révélé Médiapart vendredi 15 novembre, c’est que le parlementaire aurait financé sa consommation grâce à son compte AFM – pour avance de frais de mandat – que l’Assemblée alimente chaque mois. Cette somme, qui s’élève à 5950 euros selon le site de l’Assemblée, doit permettre aux députés, qui touchent déjà une indemnité mensuelle de 7 600 euros brut, de couvrir leurs frais d’élu. Contacté par Mediapart, Andy Kerbrat confirme avoir fait "n’importe quoi" avec ses frais de mandat et avoir utilisé l’enveloppe pour son usage personnel. En revanche, il nie que cet argent ait servi directement "à acheter de la drogue". Il dit par ailleurs avoir remboursé ces dépenses auprès de l’Assemblée "sur la base d’un calcul qu’il aurait effectué avec son comptable", explique Mediapart, soit environ 25 000 euros.
Nous reviendrons ce soir sur ces deux affaires et plus largement sur la forte augmentation de la consommation des drogues en France, notamment de la cocaïne. Malgré des saisies records, cette drogue se répand sur le territoire, en passant souvent par les ports notamment au Havre où intimidations et violences contre les dockers se multiplient ces dernières années. "Ce risque portuaire est bien identifié. C’est par là que l’essentiel de la cocaïne fait son entrée en France", avait affirmé le sénateur Etienne Blanc (LR), rapporteur de la commission d’enquête sur le narcotrafic, en mai dernier. "On n’est pas dans un narco-Etat, mais on s’en approche", avait également alerté le sénateur.
Les experts :
- Damien DELSENY - Rédacteur en chef adjoint en charge du service police-justice - Le Parisien
- Laurent KARILA - Professeur de psychiatrie-addictologie à l’hôpital Paul Brousse (Villejuif)
- Nathalie SAINT-CRICQ - Éditorialiste politique - France Télévisions
- Clotilde CHAMPEYRACHE - Économiste-criminologue, maîtresse de conférences – CNAM
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé
Maison de production : France Télévisions / Maximal Productions