Barnier se prépare, la gauche manifeste
C dans l'air- Décryptage & investigation
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Une première manifestation contre le "coup de force" d'Emmanuel Macron. Près de 30 000 manifestants, dont 4 000 à 8 000 personnes à Paris, sont attendus dans toute la France à l'appel des syndicats étudiants et de la France insoumise, pour la première grande mobilisation de rentrée. La nomination jeudi du Premier ministre de droite, Michel Barnier, a galvanisé les manifestants. Si La France insoumise, les Verts et les Communistes seront présents, le Parti socialiste n'a pas appelé à manifester, tout comme la CGT. L'organisation syndicale attend sa propre manifestation en octobre, à l'occasion du vote du budget qui s'annonce compliqué, au vu de la composition très fragmentée de l'Assemblée nationale. Hier soir, Michel Barnier s'est adressé pour la première fois à la presse en s'invitant au 20h de TF1. Sans livrer de mesures précises, il a mis en avant les thèmes de la maitrise des dépenses de l'État, de la lutte contre l'immigration illégale ou encore des retraites. Interrogé sur son futur gouvernement, l'homme de 73 ans a promis que "ça ne sera pas seulement un gouvernement de droite", souhaitant "ouvrir la table à tous ceux qui le voudront", y compris des personnalités de gauche et même des ministres sortants. Ce matin, Michel Barnier a rencontré la députée de la majorité Élisabeth Borne et Yaël Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale, signe qu'il multiplie les consultations pour former son gouvernement. Du côté de la gauche, on ne décolère pas de sa nomination, on accuse le "déni de démocratie", et surtout, Olivier Faure a déclaré qu'Emmanuel Macron s'est mis "sous la tutelle du RN", en soumettant systématiquement ses choix à Marine Le Pen. Comme le dit Jordan Bardella, le chef du parti, désormais "rien ne peut se faire sans nous". La chef de file des Verts, Marine Tondelier, a par ailleurs assuré qu'aucun membre de son parti n'entrerait dans un gouvernement de droite.
Que pensent les jeunes militants LR et LFI de cette situation inédite ? Pensent-ils que la France peut ressortir par le haut de la crise politique, ou qu'Emmanuel Macron a fait disparaître le peu de confiance qu'avaient déjà les Français pour leurs responsables politiques ? Et que penser de la nomination d'un Premier ministre de 73 ans, deux fois plus vieux que Gabriel Attal ? Pour répondre à ces questions, une équipe de C dans l'air s'est rendu sur le terrain à la rencontre de ces jeunes encartés qui feront l'avenir de la politique française.
Avec les tractations politiques cette semaine, le sujet de la dette est presque passé au second plan. Bercy accuse pourtant un nouveau dérapage de ses finances publiques à 5,6 % en 2024 contre 5,3 espéré. Dans un courrier adressé aux présidents de la commission des finances de l'Assemblée nationale et du Sénat, Bruno Le Maire accuse notamment les collectivités locales d'une "augmentation extrêmement rapide des dépenses des collectivités". À elles seules, ces dépenses des collectivités pourraient "dégrader les comptes 2024 de 16 milliards d’euros", accuse le ministère. Réponse immédiate des collectivités qui dénoncent des chiffres "fallacieux" et des propos "irresponsables". Dans un communiqué, l'association des maires de France précise que la dette des collectivités "est stable depuis trente ans voire même en légère diminution, passant de 9 % du PIB en 1995 à 8,9 % en 2023". À Talence, au sud de Bordeaux (Gironde), le maire sans étiquette Emmanuel Sallaberry a également peu goûté à ses accusations : "Les communes elles sont à l’équilibres, c'est à l’État de prendre la décision et surement pas de faire ce qu’il fait depuis 15 ans, c'est-à-dire de nous piquer de l'argent". Avec la suppression de la taxe d’habitation et la baisse des dotations, le maire estime que la commune a perdu 25 millions d’euros de recettes sur 10 ans, et redoute de devoir augmenter les impôts locaux en 2025.
Qu'attendre des mobilisations contre le gouvernement aujourd'hui ? Le Nouveau Front populaire va-t-il survivre à la nomination de Michel Barnier ? Que pensent les jeunes militants de gauche et de droite de cette situation ? Et les collectivités locales sont-elles vraiment à l'origine de l'aggravation du déficit public ?
Les experts :
Pascal PERRINEAU - Politologue, professeur associé au CEVIPOF, auteur de "Le gout de la politique. Un observateur passionné de la Vème République"
Alix BOUILHAGUET - Éditorialiste politique à France Télévisions
Hadrien MATHOUX - Rédacteur en chef du service politique – Marianne
Bernard SANANÈS - Politologue, président du cabinet d’Etudes et de Conseil Elabe
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé
Maison de production : France Télévisions / Maximal Productions