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Droguée, violée pendant 10 ans... Un procès hors norme
C dans l'air- Décryptage & investigation
- 1 h 4 min
- Français
- indisponible
- tous publics
Un procès hors-norme s'est ouvert il y a une semaine à Avignon, devant la cour criminelle du Vaucluse. Dominique Pélicot, 71 ans, y est jugé pour avoir drogué sa femme, Gisèle, et l'avoir livrée, dans son sommeil, au viol par des dizaines d’inconnus contactés sur Internet. Une cinquantaine d'entre eux ont été retrouvés et comparaissent depuis lundi dernier. Après avoir écouté la victime et son entourage la première semaine, la deuxième semaine est en partie consacrée à la personnalité de l'accusé. Dominique Pélicot a été décrit tour à tour comme un mari, père et grand-père aimant par ses proches. "Pas de traits de personnalité saillants" ni de "pathologie mentale", " d’antécédents psychiatriques", ont de leur côté conclu les experts psychiatres entendus à la barre. Alors que son interrogatoire était prévu aujourd'hui, l'accusé n'a pas pu assister à l'audience à cause d'une hospitalisation. Le mystère demeure encore entier sur ce qui a pu motiver un homme au profil si banal à commettre de tels actes, mais les trois prochains mois du procès devraient apporter les réponses aux questions des juges, et des parties civiles. Au cœur de cette affaire, le public a découvert la soumission chimique, soit "l’administration d’une ou plusieurs substances psychoactives à l’insu des victimes ou sous la menace, à des fins criminelles ou délictuelles", selon l'association "M'endors pas" qu'a fondée Caroline Darian, l'une des filles de Gisèle Pélicot. Les Français avaient commencé à en entendre parler en 2021 lorsque plusieurs dizaines de jeunes femmes s'étaient faites droguer à leur insu dans des discothèques et bars, donnant lieu à l'ouverture d'une enquête par le parquet de Paris. Mais en réalité, parmi les 1 200 plaintes déposées chaque année, la grande majorité des soumissions chimiques interviennent dans l'entourage proche, professionnel ou amical. "Les victimes sont des personnes souvent particulièrement vulnérables, abusées ou maltraitées (battues chimiquement) parfois au long cours et de façon répétée", écrivent les figures de l'association "M'endors pas". Face à la montée en puissance de ce phénomène, des docteures comme Ghada Hatem-Ganzer et Leïla Chaouachi se sont spécialisées dans l'étude de la soumission chimique. Une équipe de C dans l'air est allée les rencontrer. Dominique Pélicot avait demandé le huit-clos pour son procès, mais les juges ne lui ont pas accordé, estimant que la publicité des débats est d'intérêt public. En creusant dans l'intimité de la famille et la psychologie des accusés, le procès risque d'alimenter les blessures émotionnelles des parties civiles. Caroline Darian ne parle déjà plus à son père depuis que l'affaire lui a été révélée. Pourtant, d'autres types de justice tentent de réparer le lien entre les victimes et leurs bourreaux. C'est le cas de la justice restaurative, qu'avait mise en scène Jeanne Henry dans le film "Je verrai toujours vos visages". Dans son livre "Pardonner" (publié chez Odile Jacob), Anaïs Gletty raconte comment elle a réussi à reparler à la femme qui avait assassiné son père onze ans plus tôt, grâce à un programme de justice restaurative. Elle nous racontera son combat pour dépasser le deuil et pardonner à l'autre. Pourquoi le procès des viols de Mazan est-il emblématique ? Qu'est-ce que la soumission chimique, au cœur de cette affaire ? Et peut-on pardonner à son bourreau ? Nos experts : Damien DELSENY - Rédacteur en chef adjoint du service police-justice - Le Parisien Laure HEINICH - Avocate pénaliste Marie-Estelle DUPONT - Psychologue Clinicienne Noémie SCHULTZ - Journaliste police-justice Jonathan SOLLIER - Journaliste - La Provence
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Un procès hors-norme s'est ouvert il y a une semaine à Avignon, devant la cour criminelle du Vaucluse. Dominique Pélicot, 71 ans, y est jugé pour avoir drogué sa femme, Gisèle, et l'avoir livrée, dans son sommeil, au viol par des dizaines d’inconnus contactés sur Internet. Une cinquantaine d'entre eux ont été retrouvés et comparaissent depuis lundi dernier. Après avoir écouté la victime et son entourage la première semaine, la deuxième semaine est en partie consacrée à la personnalité de l'accusé. Dominique Pélicot a été décrit tour à tour comme un mari, père et grand-père aimant par ses proches. "Pas de traits de personnalité saillants" ni de "pathologie mentale", " d’antécédents psychiatriques", ont de leur côté conclu les experts psychiatres entendus à la barre. Alors que son interrogatoire était prévu aujourd'hui, l'accusé n'a pas pu assister à l'audience à cause d'une hospitalisation. Le mystère demeure encore entier sur ce qui a pu motiver un homme au profil si banal à commettre de tels actes, mais les trois prochains mois du procès devraient apporter les réponses aux questions des juges, et des parties civiles.
Au cœur de cette affaire, le public a découvert la soumission chimique, soit "l’administration d’une ou plusieurs substances psychoactives à l’insu des victimes ou sous la menace, à des fins criminelles ou délictuelles", selon l'association "M'endors pas" qu'a fondée Caroline Darian, l'une des filles de Gisèle Pélicot. Les Français avaient commencé à en entendre parler en 2021 lorsque plusieurs dizaines de jeunes femmes s'étaient faites droguer à leur insu dans des discothèques et bars, donnant lieu à l'ouverture d'une enquête par le parquet de Paris. Mais en réalité, parmi les 1 200 plaintes déposées chaque année, la grande majorité des soumissions chimiques interviennent dans l'entourage proche, professionnel ou amical. "Les victimes sont des personnes souvent particulièrement vulnérables, abusées ou maltraitées (battues chimiquement) parfois au long cours et de façon répétée", écrivent les figures de l'association "M'endors pas". Face à la montée en puissance de ce phénomène, des docteures comme Ghada Hatem-Ganzer et Leïla Chaouachi se sont spécialisées dans l'étude de la soumission chimique. Une équipe de C dans l'air est allée les rencontrer.
Dominique Pélicot avait demandé le huit-clos pour son procès, mais les juges ne lui ont pas accordé, estimant que la publicité des débats est d'intérêt public. En creusant dans l'intimité de la famille et la psychologie des accusés, le procès risque d'alimenter les blessures émotionnelles des parties civiles. Caroline Darian ne parle déjà plus à son père depuis que l'affaire lui a été révélée. Pourtant, d'autres types de justice tentent de réparer le lien entre les victimes et leurs bourreaux. C'est le cas de la justice restaurative, qu'avait mise en scène Jeanne Henry dans le film "Je verrai toujours vos visages". Dans son livre "Pardonner" (publié chez Odile Jacob), Anaïs Gletty raconte comment elle a réussi à reparler à la femme qui avait assassiné son père onze ans plus tôt, grâce à un programme de justice restaurative. Elle nous racontera son combat pour dépasser le deuil et pardonner à l'autre.
Pourquoi le procès des viols de Mazan est-il emblématique ? Qu'est-ce que la soumission chimique, au cœur de cette affaire ? Et peut-on pardonner à son bourreau ?
Nos experts :
- Damien DELSENY - Rédacteur en chef adjoint du service police-justice - Le Parisien
- Laure HEINICH - Avocate pénaliste
- Marie-Estelle DUPONT - Psychologue Clinicienne
- Noémie SCHULTZ - Journaliste police-justice
- Jonathan SOLLIER - Journaliste - La Provence
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé
Maison de production : France Télévisions / Maximal Productions