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Électricité : prêts pour les coupures ?
C dans l'air- 1 h 4 min
- Français
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Alors que l’hiver s’installe dans le pays, l’hypothèse de coupures de courant apparaît de plus en plus plausible. Le gouvernement a adressé la semaine dernière aux préfets une circulaire pour préparer leurs départements aux "délestages" que RTE imposera pour éviter un effondrement complet du réseau électrique, le redouté "black-out". On y apprend que les coupures pourront avoir lieu durant les deux pics de consommation (le matin de 8 heures à 13 heures) et le soir (entre 18 heures et 20 heures), et entraîneront notamment l’arrêt des métros et trains, des numéros de téléphone à l’exception du 112 et d’Internet ainsi que la fermeture des écoles situées dans les zones touchées par les délestages. Selon Enedis, ces coupures devraient être limitées à deux heures par zone et annoncées à l’avance. Mais quelques "zones rouges" y échapperont totalement, principalement les territoires où se situent les établissements de santé et les installations liées à la sécurité nationale. La probabilité de coupures d’électricité cet hiver, notamment durant le mois de janvier, est donc de plus en plus envisagée. "Un test national" est même prévu par Enedis et RTE "le 9 décembre prochain". Mais alors que le scenario se précise, l’inquiétude gagne les Français et les questions abondent. Au point qu’Emmanuel Macron a tenté de calmer le jeu samedi dans un interview au Parisien en lançant un "pas de panique", si les Français font des "efforts", le pire pourra être évité. Depuis ce lundi, l’ensemble des ministres reprennent ce discours et mettent l'accent sur la "responsabilité collective" pour passer l'hiver, bien que la situation résulte de la crise énergétique mais surtout des défaillances de la filière nucléaire, en incapacité de fonctionner à plein régime. Un point soulevé par plusieurs membres de l’opposition qui commencent à fulminer. Ainsi Alexis Corbière (La France insoumise) voit dans l’éventualité de coupures de courant un "désordre". "On ne peut pas tout mettre sur le dos de la guerre en Ukraine". "Les coupures d’électricité comme il y a quarante ans en Union soviétique semblent planer sur la France. Voilà où nous mène l’inconséquence" estime Éric Ciotti (Les Républicains). De son côté Jordan Bardella (RN) s’insurge : le plan du gouvernement est "extrêmement inquiétant". Emmanuel Macron et Elisabeth Borne "devraient s’excuser" pour avoir organisé le "sabordage de notre filière nucléaire depuis maintenant 5 à 10 ans". Alors quel est l’état du parc nucléaire français ? Aujourd’hui parmi les 56 réacteurs nucléaires que compte le pays, pour la plupart construits entre 1965 et 1985, 20 se trouvent toujours à l’arrêt, pour maintenance, notamment en raison de la découverte de problèmes de fissures sur les circuits de refroidissement. Entendu mardi à l’Assemblée nationale par la commission d’enquête sur la souveraineté et l’indépendance énergétique, l’ex-haut-commissaire à l’énergie atomique Yves Bréchet (de 2012 à 2018) a estimé que le nucléaire tricolore souffre d'une "désinformation continue [...] acceptée par l'État, quand elle n'est pas organisée par lui". Il a également pointé "l’inculture scientifique et technique de notre classe politique", et la "faiblesse des analyses conduisant aux décisions de l’État" en matière de politique énergétique. C’est dans ce contexte de forte tension que l’Assemblée nationale se penche à partir d’aujourd’hui sur le projet de loi visant à rattraper le retard français en matière d’énergies renouvelables (solaire, éolien). Le pays, qui s’est longtemps reposé sur la puissance de son parc nucléaire, a généré en 2021 19 % de son électricité avec du renouvelable, une part plus faible qu’ailleurs en Europe et que les objectifs fixés. Alors quelles sont les prévisions de RTE pour cet hiver ? Comment fonctionne la plateforme Ecowatt ? Que prévoit le plan du gouvernement ? Comment vont se dérouler les coupures d'électricité ? Quelles zones ou bâtiments seront épargnés ? Lesquelles ne le seront pas ? Pourquoi le parc nucléaire français est-il affaibli ? Invités : - Élie Cohen, économiste et chercheur au CNRS - Emmanuel Duteil, directeur de la rédaction - L’Usine Nouvelle - Sharon Wajsbrot, journaliste spécialiste des énergies - Les Échos - Soazig Quéméner, rédactrice en chef du service politique - Marianne
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Alors que l’hiver s’installe dans le pays, l’hypothèse de coupures de courant apparaît de plus en plus plausible. Le gouvernement a adressé la semaine dernière aux préfets une circulaire pour préparer leurs départements aux "délestages" que RTE imposera pour éviter un effondrement complet du réseau électrique, le redouté "black-out". On y apprend que les coupures pourront avoir lieu durant les deux pics de consommation (le matin de 8 heures à 13 heures) et le soir (entre 18 heures et 20 heures), et entraîneront notamment l’arrêt des métros et trains, des numéros de téléphone à l’exception du 112 et d’Internet ainsi que la fermeture des écoles situées dans les zones touchées par les délestages. Selon Enedis, ces coupures devraient être limitées à deux heures par zone et annoncées à l’avance. Mais quelques "zones rouges" y échapperont totalement, principalement les territoires où se situent les établissements de santé et les installations liées à la sécurité nationale.
La probabilité de coupures d’électricité cet hiver, notamment durant le mois de janvier, est donc de plus en plus envisagée. "Un test national" est même prévu par Enedis et RTE "le 9 décembre prochain". Mais alors que le scenario se précise, l’inquiétude gagne les Français et les questions abondent. Au point qu’Emmanuel Macron a tenté de calmer le jeu samedi dans un interview au Parisien en lançant un "pas de panique", si les Français font des "efforts", le pire pourra être évité. Depuis ce lundi, l’ensemble des ministres reprennent ce discours et mettent l'accent sur la "responsabilité collective" pour passer l'hiver, bien que la situation résulte de la crise énergétique mais surtout des défaillances de la filière nucléaire, en incapacité de fonctionner à plein régime.
Un point soulevé par plusieurs membres de l’opposition qui commencent à fulminer. Ainsi Alexis Corbière (La France insoumise) voit dans l’éventualité de coupures de courant un "désordre". "On ne peut pas tout mettre sur le dos de la guerre en Ukraine". "Les coupures d’électricité comme il y a quarante ans en Union soviétique semblent planer sur la France. Voilà où nous mène l’inconséquence" estime Éric Ciotti (Les Républicains). De son côté Jordan Bardella (RN) s’insurge : le plan du gouvernement est "extrêmement inquiétant". Emmanuel Macron et Elisabeth Borne "devraient s’excuser" pour avoir organisé le "sabordage de notre filière nucléaire depuis maintenant 5 à 10 ans".
Alors quel est l’état du parc nucléaire français ? Aujourd’hui parmi les 56 réacteurs nucléaires que compte le pays, pour la plupart construits entre 1965 et 1985, 20 se trouvent toujours à l’arrêt, pour maintenance, notamment en raison de la découverte de problèmes de fissures sur les circuits de refroidissement. Entendu mardi à l’Assemblée nationale par la commission d’enquête sur la souveraineté et l’indépendance énergétique, l’ex-haut-commissaire à l’énergie atomique Yves Bréchet (de 2012 à 2018) a estimé que le nucléaire tricolore souffre d'une "désinformation continue [...] acceptée par l'État, quand elle n'est pas organisée par lui". Il a également pointé "l’inculture scientifique et technique de notre classe politique", et la "faiblesse des analyses conduisant aux décisions de l’État" en matière de politique énergétique.
C’est dans ce contexte de forte tension que l’Assemblée nationale se penche à partir d’aujourd’hui sur le projet de loi visant à rattraper le retard français en matière d’énergies renouvelables (solaire, éolien). Le pays, qui s’est longtemps reposé sur la puissance de son parc nucléaire, a généré en 2021 19 % de son électricité avec du renouvelable, une part plus faible qu’ailleurs en Europe et que les objectifs fixés.
Alors quelles sont les prévisions de RTE pour cet hiver ? Comment fonctionne la plateforme Ecowatt ? Que prévoit le plan du gouvernement ? Comment vont se dérouler les coupures d'électricité ? Quelles zones ou bâtiments seront épargnés ? Lesquelles ne le seront pas ? Pourquoi le parc nucléaire français est-il affaibli ?
Invités :
- Élie Cohen, économiste et chercheur au CNRS
- Emmanuel Duteil, directeur de la rédaction - L’Usine Nouvelle
- Sharon Wajsbrot, journaliste spécialiste des énergies - Les Échos
- Soazig Quéméner, rédactrice en chef du service politique - Marianne
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé