C à dire
S12 : Comment déjouer les pièges de la radicalisation
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De septembre 2016 au début 2017, Gérald Bronner s’est rendu – bénévolement – au centre de prévention de la radicalisation de Pontourny, en Indre-et-Loire. Il nous livre, dans « Déchéance de rationalité », un véritable retour d'expérience. Il mêle le récit des faits au cheminement de sa pensée avant et pendant l'expérience. Il évoque son approche a priori des jeunes radicalisés, les débats d'idées qu'il a pu avoir et qui ont suscité son intérêt intellectuel jusqu'à décider de s'engager dans cette expérience. Il raconte aussi bien sûr son travail avec les jeunes pendant plusieurs mois. Il donne de nombreux exemples concrets d'échanges avec eux dans le cadre de ses travaux de déradicalisation. Il explique sa méthode de travail, fondée sur des énigmes, des débats et des jeux de rôles.
Le cœur de son livre : une réflexion sur la notion fondamentale de l'esprit critique. Condition sine qua non de la rationalité. C'est cet esprit critique qu'il s'efforce d'inculquer aux jeunes pendant la durée de l'expérience du centre. Il désir les rendre « indépendant mentalement ». Comment ? En leur apprenant à repérer et à éviter de nombreux biais cognitifs. Il en cite plusieurs tout au long du livre : biais de confirmation, biais de la dépense gâchée, bien d'intentionnalité (fait de ne pas croire au hasard). Il explique la signification de chacun d'entre eux et montre comment ceux-ci biaisent les jugements de ceux qui les méconnaissent et tombent dans le panneau. Il appuie ses démonstrations avec de nombreux exemples de l'actualité : fake news, théories du complot (comme les innombrables conjectures à chaque attentat : 11 septembre, Charlie Hebdo, 13 novembre…).
Gérald Bronner décrit le processus qui, à partir de raisonnements biaisés, peut amener des personnes qui ne sont pas des fous au sens clinique du terme à se radicaliser jusqu'à parfois commettre des actes qu'on pourrait considérer comme relevant de la pure folie. Il évoque le rôle d’Internet comme propagateur extrêmement puissant de toutes sortes de fake news et théories du complot mais explique bien que si Internet est un catalyseur de la diffusion de ces idées, il n'est pas le cœur du problème, qui réside avant toute chose dans notre capacité (ou incapacité) individuelle à exercer notre esprit critique.
Gérald Bronner, sociologue, professeur de sociologie à l’université Paris-Diderot, auteur de « Déchéance de rationalité » est l’invité de « C à Dire ».
Présenté par : Mélanie Taravant