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Echos du monde - Ethiopie : la voix qui dérange
- Vie pratique
- 5 min 40 s
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- tous publics
Chroniqueuse : Marie Mamgioglou
Le chanteur est une star de la musique éthiopienne. Dans son dernier album, écoulé à six cent mille exemplaires, il prône l’unité nationale alors que le pays est divisé. Les autorités préfèrent lui couper le son. Tewodros Kassahun, de son vrai nom, est l’une des plus grandes stars de l’histoire musicale éthiopienne. A seulement 41 ans, il fait même de l’ombre aux légendes vivantes Mahmoud Ahmed et Mulatu Astatke. Certes, sa popularité se cantonne à son pays – et à sa diaspora, surtout présente aux États-Unis –, mais en Éthiopie, c’est du jamais-vu.
Si Teddy Afro est devenu populaire, ce n’est pas seulement pour ses chansons entraînantes, ou sa nostalgie assumée de l’Empire. Le chanteur critique aussi de manière subtile le gouvernement actuel, qui ne fait pas vraiment l’unanimité. La coalition au pouvoir, le Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF) est accusée de bafouer les libertés des citoyens et de privilégier une ethnie, les Tigréens – 6% des 100 millions d’habitants –, au détriment des autres. En août, les autorités ont levé l’état d’urgence déclaré après des mois de manifestations antigouvernementales qui ont fait plusieurs centaines de morts. Teddy Afro, lui, prône plutôt l’unité nationale. Dans un récent entretien, il regrettait que le pays soit « divisé » à cause du gouvernement, et estimait que parler de politique ne devrait pas être un « pêché ».
Mais c’est avec les autorités, inquiètes de son immense popularité et des messages qu’il peut faire passer, que Teddy Afro a le plus de problèmes. Le 3 septembre, la soirée officielle de lancement de son album a été annulée, tout comme la diffusion de son interview sur une chaîne de la télévision nationale. Quant à son gigantesque concert prévu pour le réveillon du Nouvel An éthiopien, le 10 septembre, il a également été décommandé.
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