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Baroque rocks !
Les Larmes de Saint-Pierre par le Collegium vocale Gent
- Arts & spectacles
- 57 min 33 s
- indisponible
- tous publics
L'œuvre La partition est constituée de 21 madrigaux spirituels - formes anciennes de musique vocale, à plusieurs voix et le plus souvent a cappella. Le compositeur de la Renaissance, Roland de Lassus, la compose en 1594, juste avant sa mort. Le texte y est le moteur de l’inspiration. Les motifs sont le plus souvent brefs et respectent un certain systématisme rythmique typique de l'époque. Il use de contrastes et de l'art du contre-point - superposition de lignes mélodiques différentes - pour décrire l'âme de Saint-Pierre, personnage complexe au centre de l'œuvre. La signification La traduction en français ci-dessous permet de comprendre ce qui se passe dans l'âme de l'apôtre Saint-Pierre, personnage central dans la bible, proche et meilleur ami du Christ, qui trahit son Seigneur juste avant sa mort. Il devient ensuite un des dirigeants majeurs des premières communautés chrétiennes. Le noble Pierre, après avoir juré De mourir, face à mille lances et mille épées, Aux côtés de son Seigneur aimé, Constatant que, victime de sa lâcheté, Il avait, dans sa panique, manqué de foi, Fut terrassé de douleur, de honte, de pitié. Pitié pour sa propre erreur et pour le martyre de l’autre. Et dix mille fers acérés lui transpercèrent la poitrine. Mais aucun arc ne décoche en son sein Dards plus acérés, plus mortels Que les yeux du Seigneur lorsqu’ils le regardèrent ; Ses yeux furent les arcs et ses regards les flèches Qui, depuis son cœur désolé, passèrent Jusqu’à l’âme de Pierre et y ouvrirent de telles blessures Que le reste de sa vie, il lui fallut Les oindre de la liqueur de ses yeux. Par trois fois, à la fille importune et effrontée, Au serviteur et aux gens hostiles, Il avait dit et juré n’avoir jamais été disciple De son Seigneur, et ne pas le connaître ; Le déclarant ainsi parjure, le coq Avait pris le jour à témoin. A peine Pierre eut-il pris conscience de l’énormité de sa faute Que ses yeux rencontrèrent ceux du Christ. Ce que Pierre, foudroyé, Aperçut dans ces yeux saints, Personne ne pourrait aujourd’hui le décrire Car aucune langue ne pourrait prétendre à la vérité. Le Seigneur, tout de bonté, entouré de tant d’ennemis Et abandonné des siens, semblait dire : Vois, ce que j’ai dit était pure vérité, Ami déloyal, disciple cruel. Une jeune femme, contemplant son image dans le miroir, Ne vit jamais plus clairement son reflet Que l’infortuné, à ce moment, Ne vit son erreur dans les yeux du Seigneur : Et tout ce qu’une oreille à l’affût pourrait entendre A l’écoute d’autrui, cent années durant, Sans interruption, n’en aurait pas plus appris Que ce regard, à ce moment. De même parfois (bien que les choses profanes Soient indignes d’être comparées aux choses sacrées), L’amant, en regardant l’aimée, dévoile Ses désirs cachés sans avoir à les dire. Qui pourrait se dire expert des ingénieuses Ecoles de l’amour, à qui l’on ne parviendrait à enseigner Comment, sans dire un mot, ni écrire une ligne, Avec ses yeux, il peut parler encore. Il semblait que chacun des yeux du Seigneur Fût une langue rapide et, chaque œil des siens, Une oreille attentive à l’écoute de sa voix. Plus cruels sont tes yeux, semblait-t-il dire, Que les mains impies qui me mettront sur la croix ; Et aucun des coups que me porteront les foules haineuses Ne me blessera autant Que celui qui m’est venu de ta bouche.Traduction des Larmes de Saint-Pierre