Vincent Lindon - Coeur sanglant

Vincent Lindon a l’habitude d’enregistrer des instants de sa vie avec son téléphone : images prises à la volée, réflexions destinées à ses proches ou seulement à lui-même. Ce journal personnel sert de matière première à un documentaire qui invite à partager au plus près ses pensées. Filmé sur quatre ans dans son quotidien parisien et sur le tournage de la série D’argent et de sang, entre deux silences meublés par le son de ses machines d’entretien physique ou d’un film d’action regardé à la télé (une affiche de Rocky trône en bonne place dans son salon), l’acteur se livre : sur sa vie intérieure angoissée, tendue par les contradictions, sur ses souvenirs d’enfant mal aimé, sur le métier qu’il a choisi pour fuir son milieu, sur les gens qu’il aime, ses frustrations et ses joies. Sans filet Suivant le style impressionniste qui est devenu leur marque de fabrique, les réalisateurs Thierry Demaizière et Alban Teurlai (Rocco, Relève : histoire d’une création, Allons enfants) proposent en effet un portrait de star qui ne ressemble à aucun autre, pour lequel il ne faut pas s’attendre à voir la vie de Vincent Lindon commentée dans des interviews et revisitée à travers ses films. Le comédien, qui a accompli depuis ses débuts l’un des plus étonnants grands écarts du cinéma français (entre L’étudiante et Titane), y apparaît comme un athlète à la vie solitaire, faite d’un mélange de vide et d’émotions intenses. C’est sa parole, heurtée, qui donne sa forme à ce film introspectif, lequel s’affranchit des regards extérieurs et des images d’archive pour mieux épouser sa sensibilité. L’homme "n’a pas eu son compte affectif", dit une note de médecin exhumée sous nos yeux par l’intéressé. Explorant ses facettes multiples et contradictoires, ce portrait à vif rend compte d’une intériorité chaotique, entre réflexions lucides, digressions métaphysiques et une bonne dose d’humour.