Les détroits, entre terre et merS1 E3 - Pas-de-Calais, un passage en perpétuel mouvement

Le détroit du Pas-de-Calais, aussi appelé détroit de Douvres,  est un ancien fleuve glaciaire aujourd’hui disparu. Large de 30 kilomètres, il est l’une des voies maritimes les plus fréquentées au monde, mais il abrite également une richesse écologique insoupçonnée. Sous la surface, les ridens – hauts-fonds rocheux tourmentés – offrent des points d’ancrage stables à la vie marine. Tandis que les bancs de sable se déplacent avec les marées, ces îlots immobiles accueillent algues, coquillages et invertébrés, attirant une faune diversifiée, dont le hareng, poisson emblématique de la région. À marée basse, les phoques gris viennent se reposer sur les vasières de la baie d’Authie et près du phare de Walde. Après une absence de plusieurs décennies, ils reviennent en nombre grâce à des mesures de protection favorisant une cohabitation apaisée entre mammifères marins, riverains et touristes. Sur le littoral, les dunes mouvantes redessinent constamment le trait de côte. Plus haut, les plateaux crayeux accueillent des prairies calcicoles en tapis verdoyant, façonnées depuis des siècles par le pâturage extensif. Ces prairies abritent une flore discrète mais précieuse, adaptée aux sols pauvres et aux embruns. À flanc de falaise, un chou marin – ancêtre sauvage du chou cultivé – s’enracine dans les fissures de la craie. Il partage cette niche avec une nouvelle venue, la mouette tridactyle, récemment installée dans les anfractuosités rocheuses. Attirée par la profusion de poissons, elle témoigne d’un littoral mouvant mais propice à la reconquête des milieux. Au cap Gris-Nez, les ornithologues scrutent le ciel. Macreuses noires, bernaches cravants et autres oiseaux marins longent les côtes pour franchir ce goulet entre l’Europe et l’Afrique. Ce point d’observation unique en Europe du Nord permet de suivre les flux migratoires, d’alerter sur la disparition d’espèces et de mettre en place des politiques de préservation adaptées à l’évolution des milieux. Dans ce bras de mer remodelé par les vents, l’eau et les courants, la stabilité réside dans les relations entre les espèces et leurs habitats. Ici, chaque forme de vie participe à l’équilibre d’un ensemble mouvant. Le film nous invite à observer ces liens en action et à comprendre comment, dans ce passage entre deux mers, se dessine une nouvelle façon d’habiter le vivant.